Josef Danhauser, La partie d'échecs, 1839 / Hercule et Omphale

Toujours dans les prolongements du voyage à Vienne, une œuvre du Belvédère avait attiré mon attention
 Josef Danhauser, La partie d'échecs, 1839 
La peinture est l'une des premières à montrer la vie dans les salons. L'atmosphère colorée donne une idée de l'atmosphère et de la mode des années 1830 à Vienne.

Mais ce qui est au centre du tableau, c'est la conclusion de la partie d'échecs: La victoire d'une femme sur un homme, au grand étonnement d'une partie de l'assistance...



Une victoire à mettre en relation avec la sculpture sur le bord droit Hercule et Omphale, la reine de Lydie inspirée par le groupe sculpté :

Heracles et Omphale , 1er siècle, musée archéologique de Naples
 


L'oracle d'Apollon avait conseillé à Hercule, qui cherchait à expier le meurtre d'un de ses amis, de se mettre au service de la reine de Lydie, Omphale. Celle-ci imposa au héros, fils de Zeus réputé pour sa force invincible,des épreuves destinées à expier son crime.
Différentes versions abordent les amours d’Omphale et Hercule. La plus répandue est qu’admirant la force et les exploits d’Hercule, elle en fait son amant puis même son époux, après l’avoir libéré de la servitude. Cependant chez Ovide, Lucien, Properce et Sénèque, Omphale oblige Hercule à porter des habits de femme et à filer la laine tandis qu’elle se dote de la peau du lion de Némée et de la massue.

Mosaique des travaux d'Hercule, IIIème siècle, Valence



Chez Rubens : Hercule et Omphale sont représentés dénudés, la reine, dominant la scène, portant la peau de lion, s'appuyant sur la massue du héros, qui, lui, portant un fichu de femme, est assis sur le manteau rouge de la reine,  portant la quenouille d'une main, le fil dans l'autre. La reine lui pince l'oreille pendant qu'un esclave, habillé également en femme, file la laine comme d'autres esclaves sur la gauche. Un chien blanc (symbole de fidélité) est placé à droite de la reine.


Ce thème de l’inversion des rôles dans l’amour a été retenu par les peintres, au XVIIe et surtout au XVIIIe siècle. Les œuvres de Rubens, Boucher, François Lemoyne comptent parmi les représentations les plus célèbres de ce thème mythologique. Il existe encore d’autres variations comme le fait qu’Hercule, amoureux d’Omphale, se serait lui-même rendu volontairement esclave, ou bien que Paon aurait fait courir la rumeur d’un Hercule habillée en femme.
Le détournement de la figure héroïque et mythique d’Hercule reste une constante dans cet épisode dont l’intérêt réside en une réflexion sur l’inversion des genres masculin/féminin.

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