Kuessipan Naomi Fontaine

Mémoire d'Encrier (2011)
J'aimerais que vous la connaissiez, la fille au ventre rond.
Celle qui élèvera seule ses enfants. Qui criera après son copain qui l'aura trompée. Qui pleurera seule dans son salon, qui changera des couches toute sa vie. Qui cherchera à travailler à l'âge de trente ans, qui finira son secondaire à trente-cinq, qui commencera à vivre trop tard, qui mourra trop tôt, complètement épuisée et insatisfaite. Bien sûr que j'ai menti, que j'ai mis un voile blanc sur ce qui est sale.
Un récit sans concession. La justesse du ton et de la voix. La parole belle, féconde et vraie. L'extrême humilité d'une réserve amérindienne. Des vies échouées au large d'une baie. La grandeur d'un peuple oublié. La condition humaine. Et une prose lumineuse.
 Naomi Fontaine a 23 ans. Innue de Uashat, elle vit à Québec. Kuessipan est son premier roman

Mon petit mot

Kuessipan n'est pas un roman, plutôt une suite de paysages, de rencontres, d'instants saisis, qui nous mènent à la rencontre d'une réserve canadienne.
Les lacs, les bleuets, les caribous, nous sommes ailleurs...

Il y a la langue d'abord, la culture ensuite, un vrai dépaysement.
Les traditions, un mariage, un décès, l'école, le rapport à la religion, le train, une multitude d’événements pour mieux saisir les particularités de ce groupe.

Et puis il y a la réflexion. Nous sommes loin de la carte postale.
Alcool, drogue, violence, jeunes filles enceintes... sombre... les questions de propriété aussi... la vie qui change, la chasse qui n'est plus au coeur de la vie, les repères qui manquent dans ce Canada du XXIème siècle.
Déracinement...
Un bel hommage à ce peuple et un livre qui donne envie d'en savoir plus et de chercher des images pour compléter la lecture!

Il parait que les hommes partaient à la chasse autrefois, des semaines durant, qu'ils revenaient vers leur femme avec de la viande pour des mois. Il paraît qu'une bonne pêche invitait à un festin tous les soirs de juin à septembre.
L'homme, même absent durant de longues périodes, était maître de sa maison ou de sa tente. Il paraît que ces hommes savouraient chaque retour avec la conviction du travail accompli, avec l'ardeur et la rigueur qu'apporte ce sentiment masculin de fierté d'être non seulement pourvoyeur, mais aimant envers sa famille.
Personne ne lui a dit comment aujourd'hui il pouvait être comme ceux-là. 


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