Montreuil-Bellay Anne Geneviève de Bourbon-Condé, duchesse de Longueville

Un grand week-end , basé à Saumur, pour lequel le programme nature à l'origine (balades en bord de Loire...), s'est transformé avec la météo "légèrement" pluvieuse, en week-end historique, avec visite de plusieurs châteaux des environs.
J'y avais déjà séjourné, à d'autres reprises, aimant beaucoup cette vallée de la Loire entre tuffeau et vignes, chevaux et châteaux, j'avais alors visité en particulier l'abbaye royale de FONTEVRAUD, l'école nationale d'équitation de Saumur, et ses spectacles équestres magnifiques, le château de Montsoreau, ( ah... Alexandre Dumas  et sa " Dame de Montsoreau"...) , cette fois, cap plutôt au sud et à l'ouest de Saumur.
Pour commencer, direction Montreuil-Bellay.
Montreuil-Bellay, à la recherche des sculptures....
 Les grandes lignes de l'histoire du château  chateau-de-montreuil-bellay,

La première citadelle est construite au onzième siècle par Foulque Nerra, Comte d'Anjou, sur les fondations d'un oppidum romain.
Foulques Nerra confie la citadelle à son vassal Giraud Berlay, devenu Bellay, et Montreuil-Bellay gagne sa réputation de place imprenable sur le front des luttes entre le trône d'Angletere et la couronne de France. Il faudra un siège de trois ans, entre 1148 et 1151, pour permettre à Geoffroy Plantagenêt, Comte d’Anjou, de réduire la résistance que lui oppose Giraud II Berlay.

Henri II d'Orléans, Duc de Longueville, hérite du Château. Ambassadeur, celui-ci signera en 1648 le traité de Westphalie qui met fin à la Guerre de Trente Ans. Son épouse, Geneviève de Condé, instigatrice de la Fronde avec son frère, le Grand Condé, est contrainte par Louis XIV à l'exil derrière les murailles de son Château de Montreuil-Bellay. Elle entraîne avec elle ses nombreux admirateurs, dont La Rochefoucault et Turenne, pour se désennuyer.

Au cours de la Révolution, Jean-Bretagne de La Trémoille, Seigneur de Montreuil-Bellay, reste fidèle au Roi Louis XVI. Sa lourde charge de Maréchal le tient éloigné de son Château qui sera réquisitionné et transformé en prison pour femmes monarchistes.

Après la Révolution, le Château est acheté par un riche commerçant de Saumur dont la fille épouse le Baron Alexandre Adrien de Grandmaison, Officier de la garde de Charles X. Ceux-ci remettront en état le Château qu'ils lègueront à leur neveu Georges de Grandmaison, arrière petit-fils du Général Mouton, Comte de Lobau, Maréchal de France, aide de camp de l'Empereur Napoléon 1er.

Georges de Grandmaison, maire de Montreuil-Bellay pendant 16 ans et parlementaire de l'arrondissement de Saumur pendant près d'un demi-siècle, ouvre le Château aux blessés de la Guerre de 14-18. Près de 1.200 soldats seront soignés dans cet hôpital insolite.

le château de Montreuil-Bellay
Le château de Montreuil-Bellay comme nous aurions aimé le voir, hélas, ni soleil ni ciel bleu, alors photo wikipédia!
600 mètres de remparts, 13 tours de défense, une barbacane... le site est impressionnant! 
Une belle promenade entre remparts et chemins de ronde est aménagée
Mais au delà de son côté défensif, j'en retiendrai surtout l'évolution de l'architecture qu'il donne à voir au fil de ses transformations, ainsi que les logis des Chanoines aménagés dans le château.
Assez rarement conservée aussi, une étuve, pour l'hygiène et le bien-être du seigneur, avec encore la pièce pour le serviteur chargé d'entretenir le foyer et un système de communication entre cette pièce et celle du bain.

Dans les belles pièces de collection à découvrir, en particulier le  coffre de mariage de Marguerite de Valois (la reine Margot) et surtout, au fil des plafonds et tours extérieurs,


une fantastique collection de personnages sculptés, symboles , animaux, ogres et personnages fantastiques... il y en a partout, repris en photos dans une exposition "le chemin de l'âme".

 C'est aussi l'occasion d'aborder le destin d'Anne Geneviève de Bourbon-Condé, qui passa à Montreuil-Bellay plusieurs années d'exil.
Une femme dont il faudrait des pages et des pages pour résumer la biographie, quelques lignes pour l'essentiel:
Anne Geneviève de Bourbon-Condé, duchesse de Longueville ( 1619 - 1679) est la fille d'Henri II de Bourbon, prince de Condé, et la sœur du Grand Condé et du prince de Conti.
Sa naissance déjà n' est  pas banale, puisqu'elle voit le jour à la prison d'état de Vincennes. Son père, s'est soulevé contre l’autorité de Marie de Médicis,et contre Concini, Richelieu se méfie de lui et le fait arrêter en plein Conseil en 1616. Il restera 3 ans en prison à La Bastille puis à Vincennes où son épouse Charlotte le rejoint de son plein-gré.
Peu de temps après, celle-ci accoucha par deux fois d'enfants morts-nés. Ce n'est que deux mois après un nouvel accouchement, qui donna la vie cette fois à une fille, Anne-Geneviève, que les Condé furent remis en liberté par le roi grâce à l'intervention de Luynes.
En 1621, Charlotte a un fils, Louis (le futur Grand Condé) puis en 1629, un autre fils : Armand, prince de Conti. Son mari la quitte, lui enlevant leur fils aîné qu’il se charge de faire élever chez les Jésuites en Bourgogne. Charlotte, à l’hôtel de Condé, s’occupe avec de ses deux autres enfants. Anne Geneviève est éduquée strictement par les jésuites au couvent des Carmélites, elle sera célébrée pour son intelligence.
MADAME DE LONGUEVILLE
MADAME DE LONGUEVILLE : copie d'après un original disparu des Beaubrun ou copie d'après une gravure de Regnesson, Chantilly


En 1642, Anne Geneviève épouse le duc de Longueville,  la mariée a 23 ans, le marié en a 47... Il fs'était joint au complot monté par son futur beau-père contre Concini.
Ils eurent quatre enfants dont deux filles mortes très jeunes :
Portrait de Anne-Geneviève de Bourbon-Condé, duchesse de Longueville
Portrait de Anne-Geneviève de Bourbon-Condé, duchesse de Longueville, exécuté vers 1775-1776 pour le cabinet de travail des petits appartements du palais Bourbon, demeure des Condé,

Après la mort de Richelieu et de Louis XIII, son père devient le chef du Conseil de régence pendant la minorité de Louis XIV.  En juillet 1646, elle rejoint son mari à Munster, où il a été envoyé l'année précédente par Mazarin comme négociateur pour mettre fin à la Guerre de Trente ans. Elle est accompagnée de sa belle-fille Marie, fille d'un premier mariage du duc, bien que les deux femmes ne s'apprécient guère. Anne Geneviève charme les diplomates de toutes nationalités qui négocient le traité de Westphalie et est célébrée comme la « déesse de la Paix et la Concorde ».
C'est à cette époque qu'elle devient la maîtresse du prince de Marcillac, futur duc de La Rochefoucauld et auteur des fameuses Maximes.
En 1648, associée à Gondi, elle pousse Armand de Bourbon-Conti, son second frère, et son mari à opter pour le parti des frondeurs et à s'enfermer dans Paris.
Après l'arrestation le 18 janvier 1650 de Condé, Conti et de son mari le duc de Longueville, la duchesse s'enfuit en Normandie, mais échoue dans sa tentative de soulever la province. Poursuivie par les troupes royales, elle parvient à rejoindre La Haye sur un vaisseau hollandais, puis de là Stenay où elle se réfugie auprès de Turenne en mars 1650. Elle va rester un an à Stenay, négociant avec les espagnols et poussant Turenne à se révolter contre le cardinal Mazarin.
A la fin de l'été  1651  Condé quitte Paris et rejoint la Gascogne accompagné de sa famille et ses partisans. C'est au cours du voyage que la duchesse de Longueville serait devenue la maîtresse du duc de Nemours.
Le 24 mars 1652, Condé se dirige vers Paris laissant la garde de Bordeaux à Conti, Anne-Geneviève et sa femme Claire-Clémence.  La ville se rend aux troupes royales en juillet 1653.
 Abandonnée et en disgrâce à la cour, elle est assignée à résidence à Montreuil-Bellay puis à Moulins avant de rejoindre son mari en Normandie.

Son étonnante chambre au château de Montreuil-Bellay, dont le mobilier a été réalisé à partir de pièces provenant d'églises (des stalles pour le lit par exemple).
chambre de la Duchesse de Longueville


Elle se rapprocha des jansénistes et devient, jusqu'à sa mort, la protectrice de l'abbaye de Port-Royal des Champs.
Elle décède le 15 avril 1679 à Paris, au couvent des Carmélites.

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